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Épisode 578 : La dette de la liberté
Il y a 1 an
578ème épisode de "La Quotidienne" de ce jeudi 20 octobre 2022.
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« Ils (les nazis, et non pas le peuple allemand) voulaient changer la vie et la mélanger à la mort d’une autre façon. Ils préparaient la venue du Supérieur Inconnu. Ils avaient une conception magique du monde et de l’homme. Ils y avaient sacrifié toute la jeunesse de leur pays et offert aux dieux un océan de sang humain. Ils avaient tout fait pour se concilier la Volonté des Puissances. Ils haïssaient la civilisation occidentale moderne, qu’elle soit bourgeoise ou ouvrière, ici son humanisme fade et là son matérialisme borné. Ils devaient vaincre, car ils étaient porteurs d’un feu que leurs ennemis, capitalistes ou marxistes, avaient depuis longtemps laissé mourir chez eux, s’étant endormis dans une idée du destin plate et limitée. Ils seraient les maîtres pour un millénaire, car ils étaient du côté des mages, des grands prêtres, des démiurges…
Et voilà qu’ils étaient vaincus, écrasés, jugés, humiliés, par des gens ordinaires, mâchonneurs de chewing-gum ou buveurs de vodka ; des gens sans aucune sorte de délire sacré, aux croyances courtes et aux buts à ras de terre. Des gens du monde de la surface, positifs, rationnels, moraux, hommes simplement humains. Des millions de bonshommes de bonne volonté faisaient échec à la Volonté des chevaliers des ténèbres étincelantes ! À l’est, ces lourdauds, mécanisés, à l’ouest, ces puritains aux os mous, avaient construit en quantité supérieure des tanks, des avions, des canons. Et ils possédaient la bombe atomique, eux qui ne savaient pas ce qu’étaient les grandes énergies cachées ! Et maintenant, comme les escargots après l’averse, sortis de la pluie de fer, des Juges binoclards, des professeurs de droit humanitaire, de vertu horizontale, des docteurs en médiocrité, barytons de l’Armée du Salut, brancardiers de la Croix-Rouge, naïfs braillards des « lendemains qui chantent », venaient à Nuremberg faire des leçons de morale primaire aux Seigneurs, aux moines combattants qui avaient signé le pacte avec les Puissances, aux Sacrificateurs qui lisaient dans le miroir noir, aux alliés de Schamballah, aux héritiers du Graal ! Et ils les envoyaient à la potence en les traitant de criminels et de fous enragés !
Ce que ne pouvaient comprendre les accusés de Nuremberg et leurs chefs qui s’étaient suicidés, c’est que la civilisation qui venait de triompher était, elle aussi et plus sûrement, une civilisation spirituelle, un formidable mouvement qui, de Chicago à Tachkent, entraîne l’humanité vers un plus haut destin. Mais les juges de Nuremberg, mais les porte-parole de la civilisation victorieuse ne savaient pas eux-mêmes que cette guerre avait été une guerre spirituelle. Ils n’avaient pas de leur propre monde une assez haute vision. Ils croyaient seulement que le Bien l’emporterait sur le Mal, sans avoir vu la profondeur du mal vaincu et la hauteur du bien triomphant. Les mystiques guerriers allemands et japonais s’imaginaient plus magiciens qu’ils ne l’étaient en réalité. Les civilisés qui les avaient battus n’avaient pas pris conscience du sens magique supérieur que prenait leur propre monde.
Il est vrai que les nazis devaient gagner, si le monde moderne n’avait été que ce qu’il est encore aux yeux de la plupart d’entre nous: l’héritage pur et simple du XIX e siècle matérialiste et scientiste, et de la pensée bourgeoise qui considère la Terre comme un lieu à aménager pour en mieux jouir. Il y a deux diables. Celui qui transforme l’ordre divin en désordre et celui qui transforme l’ordre en un autre ordre, non divin. L’Ordre Noir devait l’emporter sur une civilisation qu’il jugeait tombée au niveau des seuls appétits matériels, enveloppés de morale hypocrite. Mais elle n’était pas que cela. Cela ne se voyait peut-être pas de façon évidente, et des esprits à demi profonds regrettaient les temps très anciens de la tradition spirituelle, ayant ainsi partie liée avec l’ennemi par le plus ardent de leur âme, hérissés contre ce monde dans lequel ils ne distinguaient que mécanicité grandissante. Mais dans le même temps, des hommes, comme Teilhard de Chardin, par exemple, avaient les yeux mieux ouverts. Les yeux de la plus haute intelligence et les yeux de l’amour découvrent la même chose, sur des plans différents. L’élan des peuples vers la liberté, le chant de confiance des martyrs, contenaient en germe cette grande espérance archangélique. Cette civilisation, aussi mal jugée de l’extérieur par les mystiques passéistes que de l’intérieur par les progressistes primaires, devait être sauvée. Le diamant raye le verre. Mais le borazon, qui est un cristal synthétique, raye le diamant. La structure du diamant est plus ordonnée que celle du verre. Les nazis pouvaient vaincre. Mais l’intelligence éveillée peut créer en montant des figures de l’ordre plus pures que celles qui brillent dans les ténèbres. »