“On voulait faire une première démonstration que le laser peut avoir une influence sur la foudre, et le plus simple, c’est de la guider” explique Aurélien Houard, du Laboratoire d'optique appliqué à l'ENSTA-Ecole Polytechnique en région parisienne.
Une expérience qui a duré plus de vingt ans en collaboration avec le physicien Jean-Pierre Wolf du groupe de physique appliquée à l'université de Genève et impliquant six instituts.
Il a fallu utiliser un laser en guise de paratonnerre. Selon ses caractéristiques décrites par M. Houard, son faisceau crée un plasma de l’air chargé en ions et en électrons, qui est aussi chauffé par ce procédé. L’air traversé par le faisceau, “deviens alors partiellement conducteur et ainsi un chemin préférentiel pour la foudre”.
Auparavant le laser était mal adapté et implanté à un endroit où il est difficile de prévoir où tombera l’éclair. Ce qui a empêché de vérifier la théorie lors d’une campagne au Nouveau-Mexique en 2004. Aujourd’hui, le haut du mont Säntis, situé à 2500 m d’altitude dans les pré-Alpes du Nord-Est de la Suisse convient à cette étude. Cet endroit est doté d’une tour de télécommunications de 124 m de haut, frappée avec la quasi-régularité d’une horloge au rythme de cent coups de foudre par an.
Deux ans après la construction d'un laser très puissant, fabriqué par l'Allemand Trumpf, le plus gros hélicoptère de Suisse y a déposé des containers pour abriter le télescope. Ainsi, ce dernier sert à concentrer le faisceau du laser pour obtenir l'intensité la plus forte à 150 mètres de haut. Le rayon vert du laser passe d'un diamètre de 20 cm au départ à quelques centimètres de plus.
Le laser guide un de ces précurseurs. Grâce à cela, "il va aller beaucoup plus vite que les autres et plus droit. Il sera alors le premier à se connecter avec le nuage avant de s'illuminer. À la fin, ce précurseur devient l'éclair de foudre".
Reste à crée une conductivité assez élevée dans le plasma. Ce que les chercheurs ne pensent pas encore maîtriser.