Crédit-carbone : Les émirats arabes s'arrogent 10 % des terres du Liberia.
Le Liberia s’apprête à vendre 1 million d'hectares de forêts à une société émiratie pour commercialiser les crédits-carbone obtenus à partir de projets de conservation ou de reforestation.
Les Émirats arabes unis produisent par habitant cent fois plus de CO2 que le Liberia. Son objectif est celui d’atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
Par la société Blue Carbon LLC, il s'engage donc à commercialiser le Crédit-carbone aux entreprises pollueuses.
Un protocole d’accord entre le ministère des Finances libérien et la société Blue Carbon LLC ont été conclus en mars et le contrat définitif, portant sur une durée de trente ans, serait sur le point d’être signé.
Cependant, la Coordination indépendante de la surveillance des forêts déclare : « S’arroger des droits sur du carbone pour le commercialiser aurait des conséquences directes pour les populations en les privant de décider de l’utilisation de leurs terres. Le gouvernement doit avoir conscience qu’il se mettrait en infraction des lois sur les droits fonciers s’il considérait qu’il peut vendre le carbone de forêts qui ne lui appartiennent pas ».
Ainsi, un accord sur le transfert de « droits de polluer », permettrait aux EAU de participer aux objectifs sur le climat de contenir la hausse moyenne des températures mondiales au-dessous de 2 °C, voire 1,5 °C.
Mais, ce marché ne serait pas adéquat pour le Liberia qui ne bénéficiera que de 10 % de la valeur du crédit-carbone que l’entreprise Blue Carbon LLC commercialisera sur les marchés volontaires de carbone ou sur les marchés de conformité entre Etats.
Par la suite, le Liberia devra reverser la moitié de la somme aux communautés.
Le parti d’opposition du Peuple libérien est contre un tel accord en violation des droits sur la propriété foncière du pays. Car, pour lui, il faudrait que les populations affectées soient « identifiées, informées des potentiels impacts économiques et sociaux et que leur consentement [soit] obtenu », avant la conclusion de toute négociation.
Par ailleurs, « Il existe un risque évident de greenwashing. Blue Carbon est une société sous le patronage de cheikh Ahmed Dalmook Al Maktoum, membre de la famille royale, dont les activités se concentrent principalement dans la production des énergies fossiles », souligne Saskia Ozinga, fondatrice de l’ONG néerlandaise Fern, spécialisée dans l’analyse des politiques forestières.
Quoique le Liberia espère avoir de grosses retombées financières en vendant le carbone de ses forêts à des gros pays pollueurs.