Malgré son interdiction en France, le gaz de schiste polluant est importé en grande quantité par Engie, une entreprise dont l'État français détient des parts d'action. Depuis 2021, la France a importé 4,5 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL).

Obtenu par fracturation hydraulique d'une roche sédimentaire, le GNL est interdit en France depuis 2011 en raison de ses effets désastreux sur l'environnement et le climat. En 2022, la France a importé davantage de GNL que tout autre pays européen, permettant ainsi d'éviter une crise énergétique majeure en pleine crise ukrainienne. Le géant gazier Cheniere Energy est chargé de l'acheminement de ce gaz, une information soigneusement dissimulée par le gouvernement. Le contrat d'Engie avec Cheniere s'étend jusqu'en 2040 et prévoit d'augmenter les quantités de gaz importées en France.

Entre novembre 2021 et février 2023, pas moins de 45 livraisons de GNL ont été effectuées par des tankers depuis Corpus Christi, qui exporte plus de 20 milliards de gaz liquéfié par an, vers les ports français de Dunkerque, Fos-sur-Mer et Montoir-de-Bretagne. Selon nos estimations, ces cargaisons représentent plus de 4,5 milliards de mètres cubes de GNL pour la France et les autres pays européens.

Le directeur financier de Cheniere a admis que le gaz transformé à Corpus Christi provient presque exclusivement du bassin permien. Cette vaste étendue de puits et de forages située entre le Texas et le Nouveau-Mexique produit plus de 90 % de son gaz par fracturation hydraulique. Engie tente d'éviter la question de la traçabilité de son gaz en affirmant avoir mis en place une "démarche continue de transparence et de traçabilité du contenu en carbone de sa chaîne d'approvisionnement". Cependant, en juin 2022, il a été révélé que les limites de pollution de l'air sur le site de Corpus Christi, un des terminaux d'Engie, avaient été dépassées plusieurs centaines de fois entre 2018 et 2022. Les autorités texanes ont préféré augmenter les seuils d'émissions du groupe gazier plutôt que de le sanctionner.

Le 29 juin dernier, le Haut Conseil pour le climat mettait en garde contre la dépendance de la France au GNL et son impact sur l'augmentation de l'empreinte carbone du pays. Malgré cela, Élisabeth Borne affirmait, le 6 juillet 2022, lors de son discours de politique générale : "Nous serons la première grande nation écologique à sortir des énergies fossiles".