Une fois de plus, Facebook s’illustre dans des manœuvres politiques en supprimant les pages de l’armée birmane qui a récemment pris le pouvoir du pays. Le motif : incitation à la violence, en effet il y aurait eu au moins 2 morts et une trentaine de blessés lors d’une manifestation pendant laquelle la police a tiré à balles réelles sur les manifestants.

L’action de Facebook paraît peut-être justifiable mais, depuis quelques mois, l’entreprise enchaîne des actions politiques et pose des précédents majeurs en montrant qu’ils peuvent se permettre ouvertement des bras de fer contre des Etats et des gouvernements. Après avoir coupé le micro à Donald Trump quand il était encore président des Etats-Unis, plus rien ne semble leur faire peur.

Il faut se rappeler aussi que quelques années avant les troubles en Birmanie, Facebook s’implantait dans le pays avec leur offre « Free basics », un partenariat avec un opérateur téléphonique offrant un accès gratuit aux services de Facebook. De nombreuses fausses informations, notamment contre les Rohingyas (minorité musulmane souvent persécutée) auraient circulées sur Facebook après l’arrivée de leur offre gratuite. Au même moment, le nombre de violences à l’encontre des Rohingyas a explosé et amené une situation que certains désigne de génocide, ainsi, en 2018 Facebook a arrêté leur programme Free Basics dans le pays.

Free Basics est fait pour faire grimper le nombre d’utilisateurs et donc le profit. Facebook est basé sur l’économie de l’attention, ajoutez à cela le fait que leur modération était absolument incompétente pour gérer des utilisateurs parlant le birman, cela donne un cocktail explosif pour un pays en voie de développement. La responsabilité de Facebook sur la situation actuelle de la Birmanie devrait être évaluée.

Tristan Harris, ancien de Google, sorte de lanceur d’alerte face à l’économie de l’attention et du pouvoir grandissant des GAFAM, a expliqué lors d’un podcast : « il y a une blague qui tourne chez Facebook :  si vous voulez savoir quel pays sera, je cite, à risque dans deux ans, regardez les pays où il y a Free Basics ».