Le pape Benoît XVI est le premier pape depuis 1294 à s'être mis en retrait des fonctions pontificales. Ses funérailles tenues ce décembre à la place Saint-Pierre dans la cité du Vatican, soit dix ans après sa renonciation, laisse un avenir politique incertain de la fonction pontife en permettant au pape François de renoncer à son tour à ses fonctions de pape le moment venu. Surtout qu'il a plusieurs fois évoqué cette éventualité.

C’est la première fois qu’un pape préside à l'enterrement de son prédécesseur. Samedi dernier, Joseph Ratzinger (à l'état-civil) ou Benoît XVI réécrit l’histoire du monde catholique et du droit canonique.

Suite à sa renonciation en tant que pape, Benoît XVI a permis l’élection de Jorge Bergoglio connu sous le nom pontifical de François. Ainsi, Benoît XVI devient automatiquement le pape émérite et le pape François est celui en exercice.

La notion de « pape émérite » n’est pas pour l’instant définie, car le pape Benoît XVI n’a pas souhaité lui donner un contenu. Selon Martin Dumont, expert de l’église : « C’est quelque chose qui ne l’intéresse pas cette question du statut du pape émérite ».

On peut par ailleurs noter que la renonciation d'un pape à ses fonctions n’a pas été prévue par le droit canonique. Il est donc difficile de savoir quoi faire d’un pape démissionnaire. « On vit depuis dix ans sur une chose qui n’a pas été réfléchie. Il y a une certaine urgence pour les canonistes à se pencher sur ce statut définissant le rôle du pape émérite, disant ce qu’il est, fixant éventuellement sa tenue » a précisé Martin Dumont.

Sans pour autant être en marge, le pape François a abondamment évoqué un possible retrait de sa fonction de pape dans un avenir indéterminé. Martin Dumont rappelle que « il a du mal à se déplacer, mais il ne renoncera que s’il se sent inapte à exercer sa charge ». Ceci étant, la mort de son prédécesseur libère la voie à son propre départ, ce qui le favoriserait s'il venait à annoncer sa renonciation.

« Tous utiliseront la jurisprudence Benoit XVI », certifie Bernard Lecomte. Cependant, d’après Martin Dumont : « il s’agissait de dire que les progrès de la médecine, l'évolution du monde font qu’il devient parfaitement envisageable qu’un pape vive jusqu’à 115 ans. Et est-il raisonnable qu’à 115 ans un homme dirige une communauté d’1,3 milliard de fidèles ? Non ça ne l’est pas ».